EDITO – Juin 2022

La résilience de l’être humain est sans aucun doute la seule solution face aux déséquilibres macroéconomiques actuels. Après une année boursière 2021 exceptionnelle, les sujets d’inquiétude ne manquent pas en 2022 et notamment l’inflation, la hausse générale des prix, qui flambe.
Le conflit en Ukraine a rappelé que la zone euro était (trop) dépendante du gaz russe et que la Russie comme l’Ukraine occupent une place prépondérante dans la production et l’exportation de céréales. Au-delà des pénuries déjà constatées, c’est peut être aussi une crise alimentaire qui est devant nous. Les problèmes d’approvisionnement existent également dans d’autres secteurs tels que les semiconducteurs et composants électroniques. La lutte contre le Covid a rendu cette production délicate et la Chine (avec sa politique « 0 COVID ») en est le parfait exemple. Si le pays avait du mal à acheminer ses composants en 2020, c’est sa propre production nationale qui est en péril en 2022.

Les banques centrales et notamment la FED ont logiquement décidé d’augmenter les taux d’intérêts, afin de réguler au plus vite cette inflation galopante (1). S’il devient en effet plus cher de s’endetter (pour les particuliers, les entreprises et les états), cela fera baisser la demande et naturellement les prix (donc l’inflation). Les américains souhaitent ainsi défendre et soutenir leur consommation domestique. Mais, cette hausse générale des taux a, à court terme, des répercussions immédiates sur les marchés financiers : les actions corrigent quasi-automatiquement, craignant une baisse du rendement des entreprises, de l’activité économique et des perspectives de croissance. A titre d’exemple, la France s’est financée en 2020 à « taux négatif » (- 0.14 %), le pays gagnait de l’argent en empruntant. Avec cette remontée des taux d’intérêts, c’est la fin annoncée de cette (longue) période, où la dette ne coutait quasiment rien. Ce système économique (pas de taux ni d’inflation) semble révolu : toutes les banques centrales (FED, BCE, Banque d’Angleterre, de Suisse…) augmentent leurs taux d’intérêts pour lutter contre l’inflation. Les marchés financiers (actions) sont impactés, les obligations d’Etat également (avec une augmentation de la dette et donc des finances publiques) et les cryptomonnaies n’échappent pas non plus à ces effets : le Bitcoin, valeur phare de ce marché, qui avait atteint un record de 68 992 dollars en début d’année a plongé à près de 19 500 dollars il y a quelques jours. Si une inflation trop élevée nuit au pouvoir d’achat des ménages et à la rentabilité des entreprises, l’objectif affiché des banques centrales d’une inflation maîtrisée (autour de 2%) pourrait avoir des effets favorables :

  • Elle incite les entreprises à investir car elles disposent alors d’anticipations de hausse de prix à moyen et long terme,
  • Les particuliers seront plus enclins à placer leurs excédents de liquidités au sein de l’économie,
  • Si les taux et l’inflation sont quasi-identiques, les entreprises et les particuliers seront incités à emprunter, favorisant ainsi la croissance économique.

C’est un changement radical de modèle économique, qui explique toutes les contrariétés actuelles ; pour autant, une situation normalisée révèlera des opportunités et (re)donnera confiance aux investisseurs et aux consommateurs.

(1) : la hausse de l’inflation aux USA a atteint + 8.6 % au mois de mai dernier sur un an, niveau jamais atteint depuis 40 ans

Bruneau MARTI